mardi 22 mai 2007

L’étape du jour (en images)

Nice,

Aujourd’hui, mardi, le tour de France a mis cap plein sud, puisque le convoi se trouvait à Nice pour un contre-la-montre aux temps de passage très serrés.

A l’arrivée dans la capitale des Alpes-maritimes, NS55 s’est fait une grosse frayeur. La faute à une information incomplète : quand il s’est présenté avec son véhicule à l’adresse qu’indiquait sa feuille de route, nulle trace de douanes...
« C’est pourtant l’adresse qu’ils donnent sur le site officiel ! », m’a-t-il expliqué dépité au téléphone, pendant que nous tentions avec Yann de faire patienter le patron du web bar où nous nous trouvions, pressé de tirer le rideau, afin d’envoyer en urgence les photos du jour.
En réalité, la cible se trouvait bien rue Tonduti de l’Escarène, comme indiqué, mais au n°18 et non pas au... 8.
Finalement, tout rentrait dans l’ordre. L’opération était maintenue.Quand nous avons regagné le Laika, vers 1h30 du matin, les photos de la journée précédente enfin transmises, la cabine intérieure était plongée dans le noir.
« Interdiction d’allumer des lumières », a prévenu Fiévet, qui avait réussi à garer son véhicule en face de l’entrée des douanes, collé à des barrières installées ici pour cause de ville en travaux.
« On risquerait de se faire repérer immédiatement ».
Novices face à un tel savoir-faire, preuve que l’homme n’en était pas à sa première action sur le terrain, nous avons obtempéré sans résistance, avec Yann, et nous sommes couchés en nous contentant de la lumière artificielle de la rue pénétrant généreusement les entrailles du véhicule par la vitre avant.
Une fois dans nos couchettes respectives, nous avions l’objectif juste en face de nous. Il ne risquait pas de disparaître mystérieusement pendant la nuit, cette fois, puisqu’il était dans notre champ visuel, depuis nos lits. Dans le viseur.
Cette ambiance étrange de veille discrète avant l’action donnait à l’instant des airs de sous-marin face à une cible. Nous n’étions guère différents des véhicules banalisés des flics (ou des voyous, seul le camp change) en planque, avant une intervention.
Comme dans un film de genre. A l’heure où dans les rues des villes ne rodent plus que les équipages louches...

Si l’heure de réveil avait été programmée avec un peu plus de considération pour notre état de fatigue, bien réel, sous nos couettes et sacs de couchage, nous avons été réveillés brutalement. Par le bruit de dehors. Avec l’impression de nous retrouver au lit au milieu de la route, des voitures fonçant plein pot de chaque côté du véhicule. Pendant la nuit, nous avions, déjà, eu droit à un nettoyage au karcher – un outil à la mode, faut-il croire, mais surtout bruyant.
Le réveil matin, lui, nous a laissé un peu plus de répit que d’ordinaire, puisque le branle-bas de combat a été donné à 6h45.

Cette fois, Fiévet a pu s’entretenir avec Jean-Paul Garcia, le patron des ressources humaines des douanes, à Paris. Pour l’informer de son étape niçoise.
Et lui indiquer qu’il espérait rencontrer le directeur de l’antenne niçoise.
Ce n’est pas le directeur qui est venu à sa rencontre, mais un visage connu : celui de Gérard Estavoyer, adjoint du directeur des services de renseignement pendant un moment pendant les années d’infiltration de NS55 (lui-même ancien directeur, par la suite, de la direction nationale du renseignement et des enquêtes, et actuellement contrôleur des recettes en poste à Nice).
Estavoyer est même monté à bord du camping-car, pour échanger avec le maître des lieux. Les deux hommes sont ensuite partis prendre un café chez le niçois, dont le logement de fonction se trouve sur place.

Nous les avons retrouvés à une terrasse de bar. Nous sommes ensuite entrés dans le bâtiment des douanes, d’où nous étions observés depuis un moment, en suivant Fiévet précédé par Estavoyer avec notre caméra. Estavoyer a expliqué que Fiévet souhaiter offrir son livre au patron.
Un collaborateur est descendu, très craintif, expliquant que ce n’était pas possible.
« En période électorale, on leur demande de ne plus parler du tout », a soufflé Estavoyer.
Marc Fiévet a donc effectué sa dédicace sur le comptoir d’entrée, devant une fonctionnaire en uniforme plutôt souriante.
Le tout sous le regard indiscret de notre caméra.
Après être ressortis du bâtiment, nous avons fermé le camp et plié boutique, accompagné par un nouveau renfort : celui de monsieur le receveur de Nice, qui nous a servi de guide et de copilote pour nous faufiler dans les embouteillages et les travaux.

L’ancien agent infiltré s’est ensuite rendu au tribunal de grande instance, où il avait rendez-vous avec Eric de Montgolfier. Le très médiatique procureur de la république de Nice.
C’est l’ancien patron des services des douanes qui nous a servi de poisson-pilote pour arriver à bon port. Il a fallu en effet trouver une place de stationnement à l’encombrant Laika, ce qui a mobilisé beaucoup d’énergie, d’allers et retours dans Nice et de sueur. La ville fait en effet la guerre aux camping-cars, visiblement personae non grata, les autorités municipales privilégiant un tourisme à l’image plus flatteuse. Ainsi, les gardiens du parking sur le vieux port ont refusé l’accès au véhicule, bien que le lieu possède les dimensions pour l’accueillir, mécontents de voir débarquer un tel engin dans leur jardin, face à des méga-yatchs au luxe tapageur.

Finalement, la caravane a péniblement repris la route, grimpant sur les hauteurs de la ville, et le Laika a été lâché sur le parking d’un petit... cimetière.

Montgolfier a reçu Fiévet, bien qu’il avait oublié lui avoir fixé rendez-vous à ce moment, alors qu’il s’apprêtait à quitter le tribunal pour rejoindre Aix-en-Provence. Le proc’ a fait preuve de mécontentement à la vue de la caméra et du journaliste de Metro qui nous accompagnait, refusant de nous laisser entrer jusque dans son bureau.
Il s’est entretenu avec Fiévet une quinzaine de minutes et s’est montré très intéressé par cette histoire détonante. Le procureur a assuré qu’il lirait la chose avec beaucoup d’attention et rapidement, et que cela l’intéressait au plus haut point, notamment en ce qui concerne l’affaire de Lyon (une affaire de trafic et d’arraisonnement incroyable, montée de toute pièce par les services, et restée célèbre dans le métier).
Après avoir pris un verre avec Gérard Estavoyer, Fiévet s’est ensuite consacré aux médias. Avec le journaliste de Métro, donc, puis à France Bleu Azur. Il s’est rendu dans les locaux de la station régionale de Radio France, toujours guidé par l’inséparable Estavoyer (qui a fini par le quitter sur le perron de la radio, prenant à témoin les accompagnateurs en soulignant que nous avions ici « un type bien »). Fiévet s’est alors engouffré dans le grand studio pour enregistrer l’émission « L’invité du jour », dont il sera... l’invité demain matin, mercredi.

Sous une chaleur parfaitement accablante, nous avons ensuite récupéré le Laika - sans sabot d’immobilisation, sans doute pour ne pas le retenir plus -, avant de quitter Nice.

Après avoir repris nos habitudes sur l’autoroute, nous nous sommes arrêtés sur une aire de stationnement, pour une pause déjeuner un peu tardive. Son sandwich, sa salade et son Cote du Rhône avalés, Fiévet a continué de répondre aux questions des médias, par téléphone, à l’intérieur du camping-car.Au programme, une conversation téléphonique avec Patricia Tourancheau, journaliste à Libération qui connaît bien le dossier pour avoir été la première à sortir l’affaire – en préparation, cette fois, un article à paraître normalement dans l’édition de jeudi.
Il y a eu ensuite une longue interview pour la station de France bleue à Nantes, attentive aux pérégrinations de Fiévet, dont l’agent traitant se trouvait à Nantes (à la tête de la délégation pour la façade atlantique).

Ce n’est finalement qu’après 16h30 les derniers préparatifs de l’opération du lendemain effectués, que nous avons pu reprendre la route. Enfin.
Pour franchir la barre des 2000 km avalés depuis notre départ...


Olivier-Jourdan Roulot

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