jeudi 18 octobre 2007

2008, année de la... drogue

L’attente se prolonge et tous les passionnés du tour rongent actuellement leur frein. Chacun se demande avec angoisse où et quand le camping-car de NS55 va réapparaître. De leur côté, les douaniers font déjà des paris sur le modus opératoire qu’il choisira pour repasser à l’attaque…
Alors que le Laika semble pour le moment avoir disparu des cartes, comme s’il s’était volatilisé, la vie quotidienne reprend son cours et ses droits. Mais parfois assez facétieuse, elle même renvoie de grands clins d’œil en direction du narcotour...

Ainsi, hier matin, j’ai rencontré Etienne Apaire. Président de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, ce magistrat est chargé de la coordination de l’action des différents ministères concernés par la lutte contre la toxicomanie. Proche de Nicolas Sarkosy, dont il a été conseiller à l’Intérieur, Apaire bouclait à Marseille une tournée à travers la France (décidément un genre très couru !) au cours de laquelle il a visité tous les chefs de projets en région, dans les différentes zones de défense, afin de faire un bilan de la situation sur le terrain.
Ce mercredi matin, entre deux réunions, le patron de la Mildt avait donc convié quelques journalistes marseillais (dont j’étais) à le rencontrer dans le bureau du préfet délégué à l’égalité des chances.

Cette rencontre aura confirmé que la question des drogues est plus que jamais une problématique d’actualité. Un enjeu absolument essentiel, dont on va entendre parler de plus en plus, avec plusieurs initiatives annoncées pour les mois à venir.

Le constat établi par le magistrat est éloquent. Je pense intéressant de vous en faire ici une petite synthèse. Au cours de cet aparté, le président de la Mildt n’a pas mâché ses mots : « l’état des consommations est très mauvais pour notre pays. Elle est une des plus fortes d’Europe, avec 1,2 millions d’usagers réguliers de cannabis (10 joints par mois) et 500 000 usagers quotidiens ». Parmi les éléments alarmants, la France se classe 3ème en Europe, derrière l’Espagne et la Tchécoslovaquie, pour la consommation dans la tranche d’âge des 17 ans. Depuis 2002, on constate un doublement pour la cocaïne et les drogues synthétiques.
Ca ne devrait pas s’arrêter là : la récolte de pavot s’étant révélée excellente cette année en Afghanistan, les professionnels s’attendent maintenant à une offensive commerciale d’envergure des trafiquants, dans les prochains mois - des trafiquants qui ont profité de la fragilité des pays de l’ouest africain pour y installer des plate-formes de réexpédition. L’Espagne est désormais inondée de cocaïne.

Concernant les fameux stages de sensibilisation sur les dangers de la drogue, dont on a beaucoup parlé récemment après le décret d’application intervenant après le vote de la loi en mars dernier, ils devraient être mis en place très rapidement. Vraisemblablement dès le début de l’année 2008.
« Ces stages ne s’ajoutent pas à une sanction », prévient Apaire. « Ils sont en soi une sanction ». Qui sera d’ailleurs prononcée par un juge.
Les stagiaires auront à s’acquitter de 450 euros pour recevoir la bonne parole – de l’argent censé couvrir la rémunération des intervenants et les frais générés. Ces stages seront différenciés, selon qu’il s’agisse de mineurs ou d’adultes. Leur durée quotidienne n’excédera pas 6 heures et ils concerneront toutes les drogues, pas seulement les consommateurs de cannabis.

Dans la discussion, Etienne Apaire a également confié que nous avons en France « une loi très répressive et une pratique molle », concernant le volet consommateurs. Il y a entre 90 000 et 100 000 interpellations de consommateurs par an. Face aux accusations et aux critiques des associations, qui dénoncent une politique trop répressive, le président de la Mildt réplique. Revendiquant une « volonté prohibitionniste » qui se veut claire et sans compromis.

Sur le terrain de la lutte contre le narcotrafic, cette fois, la France devrait faire des propositions fortes dans les mois à venir, en profitant de la future présidence européenne française, à l’été 2008.
Une des idées sur lesquelles les Français travaillent actuellement, et sur laquelle ils fondent de grands espoirs, est celle de la mutualisation des moyens de lutte. A l’image de la toute récente installation à Lisbonne d’une plate-forme d’observation pour les bateaux en provenance d’Afrique, rassemblant les services de sept pays européens - Grande-Bretagne, France, Irlande, Italie, Espagne, Portugal et Pays-Bas.

Par ailleurs, Etienne Apaire estime qu’il faut améliorer le dispositif d’identification et de confiscation des avoirs criminels, inopérant aujourd’hui à ses yeux. « Confisquer les biens des trafiquants reste très compliqué », commente-t-il. « Nous cherchons encore où sont les biens du général Noriega ! »
Il semble bien à ce sujet que la Chancellerie entende défendre prochainement un texte simplifiant les procédures, pour les rendre plus opérationnelles et rapides.

Voilà donc, en substance, le résumé de l’échange avec le patron de la mission interministérielle.

Pour le reste, il devrait y avoir du nouveau très prochainement, avec peut-être un redémarrage plus rapide que prévu du camping-car. Et des nouveautés...
Sur le front des producteurs et de la recherche de soutiens financiers pour le tournage du documentaire sur le narcotour, les choses n’ont pas vraiment progressé, à ce jour.
Ah oui, tout de même : Yannis, le producteur dont j’attendais le coup de fil l’autre soir, a fini par laisser un message sur mon répondeur, suite à un mail sanguin dans lequel je lui fixais un ultimatum.
Après s’être beaucoup excusé, il promettait de défendre le projet devant les chaînes dès son retour du Maroc.
Si nous voulions encore de lui...

Olivier-Jourdan Roulot

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