En ce jour de scrutin municipal, à noter, sur le blog, une petite vidéo toute champêtre que nous venons de mettre en ligne, et qui revient sur l'étape de Puy Guillaume. C'est l'heure de l'apéro, sous le soleil du Puy de Dôme, et c'est à voir en remontant le blog jusqu'au 26 février dernier. Pour ceux qui ont suivi jour après jour les aventures du narcotour, et pour les autres aussi !
Le siège de Bercy a été levé. Hier matin, après trois jours et trois nuits passés sur place, avoir distribué des centaines de tracts aux fonctionnaires de Bercy et aux passants, discuté avec plusieurs dizaines de personnes et reçu beaucoup de témoignages de sympathie à l'égard de son action, NS55 avait revêtu son bleu de travail. Pour un dernier job à effectuer : équipé d'une échelle, d'une rallonge électrique et d'un... sèche-cheveux, il a passé près de trois heures à retirer les slogans et les affiches qui distiguaient le camping-car depuis des mois. Un long et méticuleux travail, pour lui rendre sa banalité.
Sa tâche accomplie, l'ex-infiltré a déplié deux grands sacs poubelles qu'il a rempli avec ces bouts d'autocollants tombés à terre. Dans le sac, donc, les fameux " secret-défense", " trahison d'Etat " et autres slogans chocs. Dans le sac, également, les photos et les noms deux deux anciens directeurs généraux des douanes à qui l'ex agent reproche leur attitude. Fiévet y a également déposé la pile de tracts qu'il lui restait à distribuer. Il a enveloppé le tout d'un puissant adhésif, puis s'est dirigé d'un pas décidé vers l'accueil du ministère, pour déposer cet étrange colis devant les fonctionnaires chargés de filtrer les entrées.
" C'est pour le ministre ! ", a expliqué NS, devant le visage médusé de ses interlocuteurs. Il avait également pris un de ses deux tee-shirt floqués " secret défense" et une " affaire stupéfiante " pour les besoins de son tour de France. Devant le regard interrogatif des agents, il a seulement expliqué que c'était pour que le ministre puisse faire son footing.
Les agents de sécurité ont ensuite eu droit à la lecture d'un courrier que l'ancien aviseur des douanes avait rédigé à l'intention d'Eric Woerth. Préalablement, il avait d'ailleurs appelé une dernière fois le cabinet du ministre du Budget pour demander qu'on fasse envoyer quelqu'un réceptionner à l'accueil un colis. Puis NS est reparti, laissant son curieux colis, son tee-shirt et son courrier aux agents un peu gênés.
NS55 lit sa lettre dans le hall d'entrée du Ministère...
Il était autour de 15h, et NS55 venait symboliquement d'abandonner ses habits du narcotour de France, et à travers eux cette peau dont il essaie de se débarrasser et cette histoire que les autorités ne préfèrent pas voir. La très gênante et honteuse affaire Fiévet tenait désormais dans ces deux sacs poubelles déposés aux pieds du ministre.
Le camping-car pouvait maintenant reprendre sa route. Il était environ 15h10, quand le laika s'est éloigné pour se perdre dans la circulation parisienne. Sur ses flancs, les affiches et les slogans provocants avaient disparus. Mais un oeil averti, pourtant, parvenaient encore à les lire. En transparence.
Bercy est une cathédrale. Un bâtiment froid et immense, une véritable forteresse qui semble imprenable et incarne la toute puissance de l'Etat. Même flanqué de sa remorque, le camping-car du narcotour de France installé au pied du ministère depuis la nuit de lundi à mardi semblait bien minuscule face à la démesure de l’ogre des finances. A l’image du combat mené seul par l’homme en colère - malgré ses autocollants, ses slogans et son histoire sulfureuse et gênante. Assise sur ses certitudes, ses moyens et son autorité, l'administration toute puissante de Bercy a quelque chose d'un monstre d’indifférence.
NS 55 a donc campé jour et nuit depuis la nuit de lundi à mardi au pied de Bercy. Le cabinet du ministre n’a pas rappelé, bien que Fiévet se soit entêté, donnant chaque jour un nouveau coup de téléphone pour demander à être reçu dans ces lieux où il l'était autrefois pour discuter des moyens à mettre en oeuvre pour lutter contre le narcotrafic. Mais sans doute le ministre en campagne et ses collaborateurs avaient mieux à faire que de s’occuper du cas bien gênant de cet emmerdeur. Alors, forcément, la partie semblait bien inégale. Même toute cette énergie, cette tenacité vitale, oui, cela paraissait presque dérisoire. Fiévet et son Laika face au ministère des Finances, ces derniers jours, c’est l’histoire de David et Goliath, au fond. Celle du pot de terre face au pot de fer. On sait généralement comment la partie se finit dans notre monde bien réel. Ne reste, alors, plus qu’à s’en remettre à la liturgie. Question de religion.
Alors que le siège de Bercy se poursuit, voici le lien vers le long sujet que consacre David Servenay au final du narcotour, sur l'excellent site d'information Rue 89. La chose est fort complète, avec des vidéos, des pièces et des articles. Elle a été mise en ligne en début d'après-midi. C'est à lire, à voir et à écouter tout de suite, en cliquant sur ce lien pour aller directement sur le site : Rue 89
Vous pouvez également regarder ici-même deux vidéos signées Rue 89 :
Le tour de France vient de toucher Paris, la ville capitale, pour boucler son harassante boucle. Le final est lancé, maintenant. Arrivée dimanche en milieu d’après-midi, l’équipe de tournage n'a guère eu le temps de s'endormir - comme d'habitude, penseront les plus fidèles de nos lecteurs. La tête de la course était elle sur place depuis trois jours, pour régler les derniers détails avant le lancement du feu d'artifice. Les opérations ont démarré sur les chapeaux de roue. Lundi matin, dès 5h30, alors que la nuit enveloppait en totalité la région parisienne, le véhicule s’est mis en route à la lueur de ses phares, en direction d’une rue bourgeoise et tranquille du centre de Paris. Une visite très matinale à laquelle NS55 tenait beaucoup. Alors que l’horloge de la cabine du véhicule avait tout juste passé le cap des 6 heures du mat’, le pilote immobilisait le camping devant le domicile d’un ancien directeur général des douanes. Une longue attente débutait.
Au final, malgré plusieurs tentatives, NS ne parviendra pas à parler de vive voix à celui à qui il entendait demander des explications sur son attitude au moment où l’ex-infiltré des douanes attendait l’aide et le soutien de ses employeurs - ni même à le croiser, la présence de ce visiteur pas vraiment souhaité ayant visiblement dissuadé sa cible de se montrer.
Hier après-midi, alors que le soleil avait enfin percé dans le ciel, Fiévet avait rendez-vous avec Denis Robert au jardin du... Luxembourg. Le journaliste était lui aussi à Paris, pour répondre à un nouvel épisode de l’extravagant feuilleton judiciaire et à la véritable guerre procéduriale destinée à l’abattre après ses révélations sur Clearstream et les méandres du système bancaire international. Au cours de leur rencontre-promenade, les deux hommes ont évoqué la question du blanchiment et des mécanismes subtils employés par les spécialistes du recyclage – parmi lesquels les narcos et les bénéfices tirés du trafic de stupéfiants sont particulièrement moteur.
Ce matin, le sous-marin se trouvait face à l’entrée d’honneur du ministère de l’Economie et des finances. A une place de choix - la première. NS avait lancé les opérations en pleine nuit : dès 2 heures du mat’, il était sur zone. La nuit a été courte, mais elle lui a permis de gagner place par place quelques dizaines de mètres lui garantissant la pôle position.
Au moment de notre arrivée sur place, ce matin, un premier visiteur stoppait sa moto : David Servenay, de Rue 89, venu pour un « droit de suite » consacré aux aventures et aux tribulations de notre camping-cariste. Peu de temps après, le bureau nomade du narcotour était retapissé par une patrouille de police. Du coup, tout le monde a eu droit à son petit contrôle d’identité. Une formalité à laquelle nous nous sommes pliés de bonne grâce, et opérée, d’après les agents, à la demande de leur hiérarchie.
Autre visite médiatique, celle d’un journaliste envoyé par l’excellent Technikart. Le mensuel société prévoyait depuis plusieurs semaines un article sur la caravane du tour et ses-à-cotés. Une visite en immersion sur une étape qui n’avait pu se faire jusqu’à présent pour cause d’incompatibilité d’emploi du temps. Le final parisien aura peut-être réparé cette réciproque frustration.
La matinée a également été consacrée à de petits travaux pratiques. Dans une température sibérienne, renforçant le caractère inhumain des grandes esplanades de Bercy, Fiévet a du pousser à pied au-delà de la gare de Lyon pour faire des photocopies du tract qu’il a prévu de distribuer aux agents du ministère.
NS s’est présenté une première fois à l’accueil du siège des bourses de France, afin de demander à voir François Auvigne, ex directeur général des douanes, en poste au moment où sa situation judiciaire s’est définitivement dégradée. Selon les vigiles, l’homme était en vacances. Pas de chance…
De retour à son camp de base stationné sous les flancs du ministère, l’ex infiltré, très tenace, a composé le numéro du standard de Bercy. Il a demandé à son correspondant du cabinet d'Eric Woerth à être reçu par le ministre en fonction. A l’autre bout du fil, la voix lui a promis de rappeler. Pour l’instant, en ce début d’après-midi, l’homme en colère n’avait pas de nouvelles.
Quoiqu’il en soit, le siège de Bercy est lancé, désormais. Le camping-car face à la toute puissance du bâtiment de Bercy. Quelque chose d'un remake de Don Quichotte à l'assaut des moulins. Pour un même résultat ?
---- A noter : vendredi dernier, le Laika s’est invité devant le bâtiment de la direction générale des douanes.
Lundi dernier, vous vous en souvenez peut-être, le convoi du tour avait débarqué à Noalhat, créant l’évènement dans cette minuscule commune qui ne compte que quelques maisons et quelques oies (voir précédemment). Lors de l’échange assez chahuté qu’il a eu avec Michel Charasse, pour toute réponse à sa main tendue, l’ancien locataire de Bercy avait renvoyé Marc Fiévet vers Nicolas Sarkosy : « vous n’avez qu’à aller voir Sarkosy ! », s'était emporté l'homme à bretelles. Sans doute le sénateur-maire ne pensait-il pas si bien dire : en effet, par un hasard suprême, le président avait choisit l’Allier voisin pour effectuer une visite dans la France profonde, histoire d’un peu oublier ses déboires à Paris et dans les sondages. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Ni une, ni deux, lundi soir, la décision était prise de mettre le cap sur Saint Pourçain sur Sioule, où le grand homme était annoncé pour le lendemain.
Après être passé par Vichy, le camping-car était sur le lieu en pleine nuit. La petite ville était déjà bouclée et sécurisée par les services d’ordre de l’Elysée et de la préfecture. Finalement, nous avons trouvé un endroit pour dormir sur le parking d’un supermarché. Alors que le Laika effectuait ses dernières manœuvres, une patrouille de gendarmerie est venue voir de près cet étrange convoi barré d’un mystérieux et très voyant « Secret défense ». Quelques contrôles d’usage, et la nuit était à nous.
Le mardi matin, le programme présidentiel annonçait deux visites dans des entreprises et une réunion dans une salle communale. Après quelques hésitations, NS décidait d’abandonner la première visite pour cibler celle prévue à 11h00 sur le site d’une usine appartenant à Vuitton, le maroquinier de luxe. Avec Emmanuel, nous avons effectué un premier passage de reconnaissance, pour voir de quelle façon le camping-car pouvait se positionner. Alors que nous venions de saluer le responsable de l’encadrement de la presse, juste devant l’entrée du parking de Vuitton, mon portable s’était mis à sonner. C’était NS, resté à plusieurs km de là, qui m’alertait pour me prévenir qu’une patrouille de gendarmerie avait décidé de l’évacuer en dehors de la… ville.
Si le camping-car et ses slogans avaient donc bien été neutralisés, NS décidait de revenir sur place, sans son véhicule cette fois. Problème, nous étions interceptés par les mêmes gendarmes. Qui nous interdisaient cette fois l’accès à la route amenant au site de Vuitton, bien que je leur ai présenté ma carte de presse. Une décision totalement arbitraire et sans fondement légal. En effet, non seulement le périmètre n’avait été l’objet d’aucun arrêté interdisant sa fréquentation (comme c’était bien le cas, par contre, dans les rues de ST Pourçain), mais tout le monde pouvait accéder au site : les camions, les véhicules, les spectateurs et, comme il se doit, les journalistes. A croire que le simple fait de se promener avec l’aviseur suffit à vous faire sortir du cadre du droit…
Revêtu d’un tee-shirt floqué d’un flamboyant « narcoscoop, attention secret défense », Fiévet s’installait donc sur le dernier rond point avant l’accès à la petite route, pour attendre le cortège roy..., pardon, présidentiel. Qui arrivait avec une bonne vingtaine de minutes de retard sur le programme officiel. Très étroitement encadré par les gendarmes (dont un en particulier avait décidé que son rôle était d’empêcher l’expression citoyenne), Fiévet tentait d’attirer l’attention de l’autre NS, en l’interpellant au moment de son passage en voiture.
Cette première mission accomplie, nous avons pris ensuite la direction du centre de St Pourçain. Avec un objectif : le président était annoncé au Chêne vert, le meilleur restaurant du coin. Evidemment, NS55 ne pouvait laisser passer pareille occasion. Avec, à l'arrivée, un joli coup double :
La Gazette, hebdomadaire de Thiers appartenant au groupe Centre France (propriétaire notamment de la Montagne), consacre un sujet à l'escale du narcotour de France en terre auvergnate, dans son édition de la semaine, parue jeudi. L'article est publié en page 3 sous la signature de Maxence Schoene, le rédacteur en chef de l'hebdomadaire. Il y est notamment question d'un " ex ministre qui veut qu'on arrête de l'emmerder " et d'une mystérieuse " couscous-party " devant un ministère...
Ce blog est consacré au tour de France de NS55, ex-infiltré dans les mafias de la drogue qui se bat pour se faire réhabiliter après plusieurs années passées en prison.
Il préfigure le documentaire que tournent et autoproduisent actuellement Olivier-Jourdan Roulot et Emmanuel Desbouiges autour de cette histoire hors-norme.
Le journaliste Olivier-Jourdan Roulot accompagne Marc Fiévet dans ses aventures et a cosigné avec lui un document sur son histoire, sorti début 2007 (ci-dessus).
Les deux réalisateurs ont récemment signé un 52' diffusé dans la série Strip tease, consacré à la guerre du thon.
La bande-annonce du film en tournage se trouve sur http://narcotour-lefilm.fr