dimanche 30 septembre 2007

Quelques grammes de sel sur le tour

Plus que quelques heures avant le départ du tour de France...
Les derniers jours ont été agités. Ereintants. Pas vraiment le temps de souffler !
C’est toujours là même chose à l’approche des trois coups : alors que le temps s’accélère brutalement, c’est une course contre la montre qui s’impose à vous, alors qu’il faudrait au contraire emmagasiner le plein d’énergie pour partir avec tous les atouts possibles. Là, il faut parer à tout, régler une multitude de problèmes qui semblent prendre un malin plaisir à en générer d’autres, à peine solutionnés, comme un arbre cachant la forêt. Courir à droite pour trouver ceci, à gauche pour récupérer cela, et se dédoubler, encore ailleurs au même moment pour dénicher tel câble ou quémander un service absolument essentiel. Une pression que tous ceux qui tournent des films connaissent, mais qui est amplifiée au centuple quand un tournage se prépare sans production derrière soi. A ses côtés. Là, le réalisateur téméraire se retrouve comme un naufragé au milieu de l’océan, face à une mer démontée et à des avaries qui se multiplient à tous les coins de son radeau. Il y a les problèmes techniques à solutionner, l’argent à trouver, le matériel pour tourner et tout ce qui fait que le documentaire n’est pas un cinéma improvisé ou impréparé, s’il est bien un cinéma du réel.
Evidemment, dans cette folle urgence, c’est tout le travail de construction du tournage (il s’agit alors de scénariser au maximum ce qui pourra se passer, travailler sur des scénarios différents pour ne pas être dépassé et surpris sur le moment, bref anticiper mentalement ce que la réalité pourra produire) qui en prend un coup. Alors que ce temps et ce travail sont essentiels au bon déroulement du tournage à venir.
C’est là, rétrospectivement, que le réalisateur peut-être pris d’une soudaine nostalgie pour son foutu producteur, face au vide provoqué par son absence. Raison de plus pour le haïr ! Là qu’il s’aperçoit combien ce seul être lui manque, combien il est rétroactivement dépendant de lui, avec le confort relatif qu’il est capable de lui apporter, sur les questions matérielles et logistiques.
Et puis, comme toujours, il y a le nerf de la guerre. L’argent, évidemment. Là, la décision d’auto-produire un documentaire peut vite trouver ses limites. Elle signifie d’abord de pouvoir se passer d’un salaire (puisqu’on n’est pas en train de travailler ailleurs, au même moment) le temps de la durée du tournage, qui peut se prolonger. Pas évident, quand on rentre à peine de vacances dispendieuses, quand la rentrée impose ses exigences, que les impôts sont passés par là, qu’il faut payer le dentiste ou les soins du petit dernier. Si un tournage est une période sans rentrées d’argent, il génère en plus des coups importants, même sans salaires versés. Des sommes lourdes investies sans garantie de retour.
Concernant le tournage de ce road-movie, la question de l’argent est évidemment omniprésente. Elle se pose en permanence : jusqu’ou pourrons-nous aller ? Jusqu’à quand pourrons-nous tenir seuls ?


De son côté, Marc Fiévet est lui aussi en pleins préparatifs. Aux dernières nouvelles, il réglait toute une somme de petits détails qui, assure-t-il en vieux loup de mer qui n’en est pas à son premier « chantier » (c’est ainsi qu’on appelle les opérations entre gens des services d’espionnage), feront la différence. Le camping-car a quitté la région de Boulogne-sur-Mer depuis plusieurs jours, déjà. Flanqué de sa lourde remorque, il a avalé plusieurs centaines de kilomètres pour s’immobiliser quelque part au milieu de la France, dans la campagne. Là, NS55 a réglé les derniers détails, immobilisé dans l’attente du départ. Prêt à lancer les opérations en fondant sur la première étape de la tournée.
Une longue route, car le Laika doit emprunter les nationales - les péages des autoroutes s’avérant bien trop cher pour un véhicule aussi imposant et pour le budget lui aussi très fragile de NS55.

Vous le constatez, l’opération comme le tournage qui l’accompagne restent des choses très artisanales. Fragiles par essence.
Comme les vraies aventures humaines. Celles qui tiennent sur fil.
C’est évidemment ce qui en fait tout le sel.
Olivier-Jourdan Roulot

Aucun commentaire: