vendredi 30 novembre 2007

Making of

Amis blogueurs, voici une petite séquence qui nous ramène quelques jours en arrière, sur la route du tour de France de NS55.
Nous sommes à Marseille, lundi 19 novembre, au matin. Nous avions prévu de tourner une séquence en deux temps, avec le journaliste François Missen.
La première partie de la rencontre a été mise en boîte quelques minutes plus tôt sur les quais du Vieux-Port, face à la navette des douanes. Puis nous souhaitions tourner sur une passerelle surplombant le chemin de fer, passant sous la bretelle d'autoroute surélevée à l'entrée de la ville (celle qui sera bientôt détruite).
Un décor urbain bien dans l'atmosphère de notre sujet. Surtout, depuis ce point de vue, nous avions en arrière-plan le paysage du port de commerce, dont l'accès nous avait été refusé quelques jours plus tôt (au motif qu'il ne fallait surtout pas " sâlir " l'image du port).

Evidemment, comme souvent, même quand tout a été soigneusement préparé et repêré, les choses ne marchent jamais totalement comme on l'a prévu. Une fois la séquence du Vieux-Port en boîte, nous avons demandé à nos deux héros du jour de cesser leur conversation et se diriger vers les véhicules, afin de rejoindre le second lieu de tournage, pour qu'ils puissent reprendre leurs échanges.
J'ai embarqué François Missen dans ma voiture, tandis qu'Emmanuel et Cédric (l'ingé-son qui nous avait donné la main ce jour-là) étaient montés avec NS, dans le camping-car.
Problème, quand nous sommes arrivés devant l'entrée 3 du port, j'avais prévu que nous nous arrêtions juste avant la barrière d'entrée, dans une sorte de contre-allée. Emporté par son élan, l'ex-infiltré est allé jusqu'à l'entrée au volant du camping-car. Les deux plantons chargés de filtrer les allées et venues l'ont laissé passer, pensant qu'il s'agissait d'un véhicule officiel. Puis NS et l'équipe ont laissé le camping-car à l'intérieur du site, pour nous rejoindre là où nous devions tourner. Evidemment, nous étions attendus au retour.
Voici le résultat, pas piqué des vers...



jeudi 29 novembre 2007

It's a long day

Retour à Marseille, ce jeudi, pour l’équipe de tournage...
Un retour tardif et éprouvant, hier dans la nuit.

Après l’escapade Montebourg du début de semaine, nous étions redescendus vers Lyon, pour une halte dans la nuit de lundi chez des amis du tour, qui nous ont fait le plaisir, l’honneur et l’amitié (renouvelée) du couvert et du lit.
NS55, lui, en vieux renard solitaire de la route, a préféré coucher dans sa maison sur roues.

Mardi matin, le lever a été prononcé aux aurores. Il nous fallait momentanément abandonner le camping-car à Lyon, pour rejoindre la capitale en TGV. Une infidélité imposée par la lenteur de l’engin et le peu de temps que nous avions devant nous.
Après être arrivés à Paris vers 10h55, nous avons abandonné l’aviseur pour aller récupérer une sacoche pour la caméra. De son côté, le boss du narcotour avait rendez-vous avec son avocat pour un point sur sa situation et définir la stratégie des semaines à venir. Au menu des discussions entre les deux hommes, la préparation d’une plainte au pénal, qui sera nominative cette fois (contre deux anciens hauts responsables de douanes).

Vers 15h30, la jonction a été opérée dans le 10ème arrondissement, du côté des grands boulevards. NS55 était invité à intervenir devant des journalistes des stations régionales de France Bleu, qui suivaient un stage de perfectionnement sur les questions de justice, avec l’ESJ, l’école de journalisme de Lille. Cette rencontre se tenait dans les locaux du syndicat de la presse hebdomadaire régionale (PHR, pour les initiés), rue de Hauteville.



Pendant qu'il patientait avant le début de son intervention, le nomade du tour a trouvé un bureau et un ordinateur pour vérifier la mise en ligne de ses aventures sur le blog.



Claude Furet, qui animait ce stage, a accueilli NS55 devant une grosse quinzaine de journalistes. Avec Emmanuel, nous avons expliqué en quelques mots la raison de notre présence et le travail que nous effectuons autour de l’histoire et du parcours de l’ex infiltré, avant que la rencontre ne débute véritablement.

Au total, elle a duré deux grosses heures, Fiévet expliquant avec beaucoup de précision les méandres de son action et les coulisses étonnantes des services secrets de la République. Les stagiaires étaient très réceptifs. Curieusement, certains d’entre eux n’avaient jamais entendu parler de cette affaire, pourtant plutôt médiatique. A croire que même chez les journalistes, qui font pourtant métier d’être informé, des affaires spectaculaires peuvent passer inaperçues...
Le pilote du tour de France leur a notamment annoncé les prochaines étapes de son épopée sur route. Il en a profité pour prendre des contacts précieux, envisageant de retrouver certains des participants à cette réunion lors d’une future escale dans leur ville, une fois qu’ils seront rentrés chez eux.

Après cette brillante intervention, NS nous a abandonné à notre sort sur le trottoir parisien.
Il était attendu pour dîner en famille.

Avec Emmanuel, nous nous sommes arrêté pour siroter une bière dans un bar voisin, avant d’aller dîner du côté de Montparnasse. Après bien des hésitations, c’est finalement dans une crêperie située après la rue de la Gaité que nous avons échoué. J’ai d’ailleurs découvert là l’existence de cette « rue de la crêpe », dans laquelle sont installées une bonne dizaine de restaurants faisant de la fameuse galette une affaire de religion. Emmanuel a avalé deux crêpes au jambon, au fromage et à l’œuf. Pour ma part, la première m’a suffit. Et je n’ai pu finir une salade au poulet très moyenne. Pour accompagner ce festin, nous avons eu droit à un pichet de vin du Languedoc qui tenait plutôt du litre de super à la pompe. Heureusement, le délicat breuvage était très froid, ce qui a permis de l’avaler en souffrant moins.
Vous le constatez, un repas de fête de plus sur notre parcours à travers la France. Un repas de gala, devrais-je dire : en effet, Manu fêtait ce soir là ses 38 ans !

Mardi, matin, nous avons retrouvé NS55 dans un minuscule café de la rue des Haies. Une toute petite buvette, présentée par son patron comme une des plus vieilles de la ville – plus de 200 ans d’histoire, je crois, et toujours dans son jus d’autrefois. A notre arrivée, Marc était le seul client. Le rendez-vous avait été fixé à 9h, mais il nous attendait de pied ferme. Très en avance, comme d’habitude (alors que nous avions déjà largement margé pour fixer l’heure de rendez-vous), et impatient d’en découdre.

Ce matin, nous avions rendez-vous dans les locaux de Rue 89, le journal en ligne (lancé par une équipe composée notamment d’anciens de Libération) qui fait beaucoup parler.
David Servenay, journaliste de la rédaction et ancien de RFI, s’est longuement entretenu avec Fiévet. Il connaissait son histoire pour avoir lu le premier livre que NS55 avait sorti alors qu’il était encore en prison. Il tenait par ailleurs à donner un coup de projecteur sur notre travail autour du tour de France, en informant les nombreux lecteurs de Rue 89 (89 pour la révolution, évidemment, mais aussi pour 1989, année de l’invention du web…) de l’existence de ce blog et en lançant un appel aux producteurs. Servenay a ensuite mis en boîte une très longue interview vidéo de Fiévet, qui doit accompagner son article. Avant de mettre votre serviteur à contribution – un entretien un peu laborieux, je dois l’avouer, ayant un peu de mal à être percutant en raison de la fatigue accumulée, des innombrables déplacements, des nuits très courtes et de la quantité de choses à préparer chaque jour. Je ne sais pas ce que cela donnera, mais on jugera sur pièces…
Nous avons aussi fourni la rédaction en photos prises par nos soins sur le narcotour. Avec, également, un passage vidéo réalisé lors de la rencontre avec Montebourg, lundi dernier, dans sa circonscription de Louhans.
Fiévet en a profité pour saluer Arnaud Aubron, spécialiste des questions de stups chez Rue 89.

Un peu avant midi, après avoir traîné laborieusement nos nombreux sacs dans les couloirs du métro, nous avons retrouvé un informateur dans le centre de Paris. Une discussion très intéressante, qui nous a apporté des éclairages précieux pour préparer la suite du tournage. Extrêmement bien renseigné, cet interlocuteur nous a fourni des infos, des pistes et des tuyaux qui devraient nous être utiles. Son identité vous restera malheureusement secrète, même si ce n’est pas l’habitude de ce blog ni sa philosophie. Mais dans son cas, la garantie de son anonymat est un impératif.
Mais nous reparlerons très vite de ce que ce rendez-vous aura comme conséquences pour le documentaire en tournage.

Vers 13h30, nous avons laissé notre informateur en compagnie de NS55. Avec Emmanuel, nous avions un rendez-vous important, au Rouquet, une brasserie à l’angle du bld St Germain et de la rue des Saint Pères : notre rendez-vous du moment s’appelait Yannis... Oui, le fameux producteur avec qui nous entretenons une relation très peu... productive depuis de longs mois !

Cette fois, enfin, nous avons pu l’avoir face à nous. A notre table. En effet, si nous discutons depuis plusieurs mois avec lui, via le téléphone ou le mail, nous ne l’avions jamais rencontré physiquement. C’était une première, donc !
Arrivé un peu en retard, portant beau dans un costume gris de bonne coupe, Yannis a commencé par nous faire la retape au sujet du développement de sa société, visiblement en bonne forme. Bien lui en fasse d’ailleurs, mais nous n’étions pas là pour lui racheter sa boîte, comme vous le savez - mais plutôt pour essayer de lui... prendre de l’argent.

Difficile, au bout de cette petite heure de discussion, de se faire une opinion précise sur ses intentions. Pour la énième fois, Yannis a réaffirmé son intérêt pour le projet, nous questionnant sur le tournage, ses aspects techniques, nos choix de réalisation et nos partis-pris. Il a évoqué des rendez-vous qu’il s’est engagé à prendre (ou à reprendre) avec les chaînes. Il est passé très rapidement sur la question ce que pourrait être le budget de ce tournage dont beaucoup de séquences sont encore à mettre en boîte. Il a pris également note de notre volonté de donner une dimension internationale à notre film, le sujet imposant cette échelle – ce qui passe notamment par des déplacements à l’étranger. En même temps, il ne s’est engagé en rien. Ne nous a pas présenté de contrat, ou annoncé de contrat à venir. Pas plus qu’il n’a proposé d’avancer un peu d’argent pour permettre au tournage de se poursuivre, façon pour lui d’arrêter les choses et de nous signifier son engagement à nos côtés.

Pour avoir un peu l'habitude des discussions avec les producteurs, nous sommes repartis avec une impression mitigée, au moment de sauter dans un taxi pour la gare de Lyon. Si Yannis a affirmé plusieurs fois vouloir travailler avec nous (précisant qu’il avait beaucoup apprécié le 52’ diffusé cet été sur la guerre du thon, dans l’émission Strip tease), c'était pour laisser entendre dans la foulée qu’il y avait plein de choses à faire, en évoquant de vagues projets…
Un peu curieux, en réalité, cette attitude consistant à vous expliquer dans un grand numéro de dresseur de serpent que vous êtes bien l'homme idoine tout en donnant l'impression de déplacer le curseur d’une éventuelle collaboration vers un projet hypothétique - alors que vous êtes justement là pour proposer un projet béton à celui qui vous joue ce numéro. D'ailleurs, au passage, pas sûr du tout que j’ai demain un projet aussi puissant (avec une vraie histoire personnelle, un vrai personnage et un sujet de société très fort)sous le coude…
De toutes façons, seul le présent (et le nécessaire renflouement de nos caisses vides) nous intéresse.
Du coup, quand notre ami Yannis nous a quitté, pressé de retrouver Frédéric Mitterrand (avec qui il devait visionner des images d’une production en cours), nous ne savions pas trop s'il fallait se réjouir de ce rdv ou si mieux valait passer à autre chose.

Quoiqu'il en soit, à 16 heures, nous étions bien dans le TGV pour Lyon. NS, de son côté, devait sauter dans un train en direction de l’Ouest, pour un détour chez une de ses filles.

Avec Emmanuel, nous avons ensuite retrouvé notre voiture un peu après 18h20. Pour nous engager sur l’autoroute du sud. Une longue route, assez épuisante, direction Marseille. Avec une première halte à Avignon, pour déposer Emmanuel dans sa petite famille à 23 heures.
Pour ma part, ce n’est que vers minuit et demi que j’étais dans mon lit.
Epuisé par une journée sans fin...

Olivier-Jourdan Roulot

mardi 27 novembre 2007

La lettre à Nicolas

Après le week-end vert, la caravane du tour a repris la direction du nord en remontant la vallée du Rhône par petits sauts de puce : Avignon, Bollène, Lyon, autant de paliers afin de se positionner pour lancer l’étape du jour. Ayant laissé le Laika partir sans nous pour prendre de l’avance, nous avons fait la route de notre côté avec notre propre voiture (de quoi alourdir au passage une facture d’ensemble déjà passablement gratinée…).

Finalement, nous avons rallié la tête du narcotour autour de midi, ce lundi. La jonction s’est effectuée sur une petite commune située à une quinzaine de kilomètres de Tournus, pays de la roche de Solutré et des ascensions mitterrandiennes. Le Laika était stationné au bord de la nationale, sur le parking d’un garage Renault, dans un paysage absolument déprimant. Dans la nuit de samedi à dimanche, alors qu’il se trouvait au nord de Bollène, NS55 avait du changer l’orientation du camping-car pour laisser moins de prises à un vent particulièrement déchaîné.

L’objectif du jour devait nous conduire jusqu’à Louhans, petite commune de 5 000 habitants, célèbre principalement pour une équipe de foot partagée avec la ville de Cuiseaux. Un objectif très politique, là encore, après le dernier week-end écologique. Mais dans l’immédiat, par ce lundi d’hiver totalement gris, la décision de nous attabler dans un routier fut unanime. Nous avons trouvé notre bonheur quelques kilomètres plus loin. Dans un de ces établissements comme on croirait qu’il n’en existe plus, tellement ils renvoient à des temps et des modes de vie qui paraissent éloignés de notre modernité très majoritairement urbaine. L’établissement du jour se trouvait au milieu d’un paysage halluciné, au milieu d’une plaine inondée, dans laquelle il était bien difficile de distinguer où se trouvaient les limites du fleuve.

NS en fut quitte, du coup, pour garer son véhicule sur un parking détrempé. Pour lui qui ne voulait pas mettre de boue sur son fier attelage, qu’il venait de nettoyer, c’était plutôt raté...
Le restaurant, uniquement peuplé de routiers comme autrefois et de gueules cassées, semblait une sorte de conservatoire d’un univers populaire et ouvrier comme on ne les raconte plus (quasiment) que dans les livres. Aux murs, c’était un véritable musée qui s’offrait à nos yeux, avec des réclames publicitaires sur plaques émaillées aux slogans publicitaires terriblement efficaces. Pendant ce temps, les tournées succédaient aux tournées au comptoir.
Une fois installés par la patronne, le repas s’est avancé tout seul, sans qu’il ne nous soit demandé notre avis – ici, c’est menu unique, évidemment. Pour commencer, une petite entrée amalgamant une tranche de ballottine (ou de mortadelle, le débat fut âpre), un peu de salade verte et deux cornichons. NS55 avala le tout d’un bon appétit. Pour la suite, il exigea de passer directement au plateau de fromage.

De nôtre côté, nous avons préféré le boudin noir, accompagné d’une purée (maison) et de pommes cuites, à la tête de veau ravigote. Le tout accompagné d’un vin de table indéfinissable. L’aviseur eut ensuite droit à une spécialité locale de fromage, suivi d’un clafouti recouvert d’un chocolat fondant. Manu prit du fromage, alors que je me contentais d’un café.

Après cette excellente halte routière, il était temps de reprendre la route. Nous avions rendez-vous à 14h30 au 9, rue Dodanes, avenue parallèle à la rue centrale des arcades, la rue principale et commerçante de Louhans. Heureusement, à notre arrivée, le marché du lundi matin, véritable évènement local, avait plié ses étals. Nous sommes arrivés sans NS, pour retrouver Arnaud Montebourg à sa permanence. Nous avions prévu avec son assistante de le voir d’abord seul, pour réaliser un entretien autour des questions du trafic de drogue et des circuits occultes de blanchiment. Le bouillant député socialiste était un peu en retard. Les permanences du lundi matin, à l’évidence, s’étaient un peu prolongées et il n’était parti déjeuner que depuis quelques minutes à notre arrivée.

L’entretien a donc commencé avec un quart d’heure de retard. Après une mise en bouche composée d’une plaisanterie sur le cas Hollande, il a duré au total une quarantaine de minutes. Nous avons ensuite retrouvé NS55 au moment de son arrivée à Louhans. Après l’avoir équipé d’un micro HF, il a à son tour positionné son véhicule devant la permanence du promoteur de la VIème république. Le rendez-vous entre les deux hommes était fixé à 16h30. Arnaud Montebourg a reçu son visiteur environ une vingtaine de minutes. Il l’avait rencontré à deux reprises, quand l’agent infiltré se trouvait encore en prison, à Fresnes, alors qu’il enquêtait pour la commission parlementaire sur le blanchiment. Puis ils s’étaient retrouvés ensemble sur le plateau d’Ardisson, quelques mois après la sortie de prison de l’aviseur.
L’échange a été direct et efficace. Le socialiste s’est personnellement engagé à monter en première ligne pour tenter de faire bouger les choses et trouver une solution honorable et digne à la situation ubuesque de Fiévet.
C’est franc, direct, comme à l’habitude avec le député de la Saône et Loire. Voici un extrait de la conversation…




Olivier-Jourdan Roulot, sur la route du tour, depuis Louhans

dimanche 25 novembre 2007

Samedi au vert

Après le contre-la-montre d’Aix en Provence la veille, hier, le camping-car du narcotour faisait escale à Marseille pour une étape très politique. NS55 avait en effet décidé de s’inviter à la Fête des Verts, organisée au théâtre Toursky, haut lieu libertaire. Pour les 14 mètres de long du véhicule, l’approche n’a pas été des plus aisées, dans ces rues d’un Marseille très paupérisé. Pour l’occasion, il fallut même déplacer des voitures pour permettre au Laika pris au piège de repartir, et ainsi libérer la circulation. Quelques gamins joueurs ont tenté d’escalader ce drôle d’attelage, dont les sigles résonnaient forcément d’une façon particulière dans ce Marseille du chômage, de l’immigration et d’une vie difficile.

Finalement, après s’être extirpé de ce piège urbain, NS parvenait un peu après midi dans la promenade Léo Ferré, face au théâtre dont le grand Léo était un ami et un défenseur. A notre arrivée, autour de 13h30, le Laika était parfaitement garé, juste un peu avant l’entrée du lieu. Immanquable, du coup, pour n’importe quelle personne se présentant.
Marc n’était pas à bord.

En réalité, il était installé en bonne place, dans le hall d’entrée du théâtre, au milieu des stands des organisations proches du parti écologiste. « Je suis arrivé, on m’a dit " tu as un stand ", j’ai dit ok, je sors tout le matériel ! », nous a-t-il lancé pour toute explication devant notre surprise. Voilà comment NS, l’air de rien, a pu occuper une position idéale tout l’après-midi, juste à côté d’un stand du Droit au logement, à droite de la porte d’entrée, et face à celui de Greenpeace – de quoi au passage nous rappeler quelques souvenirs, avec Emmanuel, puisque le 52 mn que nous avions consacré cet été à la guerre du thon dans le magazine Strip Tease avait été en partie tourné dans le port de Marseille, au moment de la bataille navale qui avait opposé les thoniers au Rainbow Warrior, le navire amiral de l’organisation.

NS55, lui, était très satisfait. Il faut dire que son stand avait fière allure, comparé à celui de ses voisins. Un stand multimédia : des livres, des articles et coupures de presse, des prospectus, une petite pancarte annonçant un improbable narcotour de France (celle qui trône généralement à l’avant du camping-car, comme une figure de proue derrière le pare-brise), ainsi qu’un écran plat diffusant en boucle des émissions, journaux télévisés et reportages consacrés à l’affaire Fiévet. L’homme du tour avait installé un magnifique Secret défense, barré d’un Infos douanes du meilleur effet, sur le haut d’un piano. Pour délimiter la zone de cette curieuse installation douanière, dont la présence était pour le moins singulière en ce lieu, Marc avait installé trois bornes routières, qu'il utilise généralement pour délimiter une zone de protection sur la route autour du camping-car.

« Je leur ai dit " je vous donne 5 euros par livre vendu " », précisait NS. « Le mec m’a dit " non laisse ! Combien tu vas nous donner ? 50 euros ? Garde tout " ».
Au total, l’ex-agent infiltré aura vendu trois livres. Moins que les 50 euros escomptés, donc. Peu mais pas inutile pour financer l’avancée de l’expédition.
Il comptait également saluer Noël Mamère, annoncé vers 14h30, pour intervenir dans un débat sur le rôle des Verts dans la société de demain. La plus célèbre moustache du paysage politique français (avec celle de Bové) était en effet intervenu dans son dossier, alors qu’il se trouvait encore en prison, à l’époque.





Finalement, après cette journée de rencontres et de réflexion sur l’avenir de l’écologie politique, notre VRP décidait de lever le camp et retrouver sa maison sur roues, pliant méticuleusement ses bagages, alors qu’une pluie froide arrosait la nuit qui était tombée dehors.
Vers 19h00, au moment où les membres de Raoul Petite, le groupe qui devait conclure en beauté ce samedi vert, Fiévet a tourné la clé de contact du Laika. Restait à sortir de la petite impasse du Toursky. De quoi provoquer quelques échanges secs, entre des véhicules bloqués par la caravane du tour et un NS55 remonté comme une pendule. Finalement, après quelques sueurs froides et quelques noms d’oiseaux échangés sans manière, le camping-car parvenait à se dégager et retrouver sa liberté.

vendredi 23 novembre 2007

Tuyauterie percée

Toujours imprévisible et déroutant, NS55 avait décidé ce matin de revenir sur les lieux du crime : autour de 11 heures, le nez du Laika siglé d'un superbe et intimidant DNRED (la direction de services de renseignement, pour les ignares de la chose douanière...) est apparu sur le parking de la direction des douanes d'Aix-en-Provence, devant l'entrée de Météo France, là où le narcotour avait déjà fait halte vendredi dernier.



En réalité, si la caravane avait choisi de poser à nouveau le camp ici c'était pour une raison bien précise. L'ancien agent infiltré avait appris, avec son sens consommé du renseignement, qu'un pot se tenait autour de midi, pour le départ à la retraite d'un douanier. Surtout, des huiles étaient annoncées. Et, parmi celles-ci, il y en avait une en particulier à qui NS souhaitait parler : une vieille connaissance, perdue de vue au cours de son hallucinant parcours carcéral, mais à qui l'échappé du narcotour entendait parler du pays, cet homme ayant joué un rôle moteur dans ses terribles mésaventures.

Fiévet a donc accueilli les différents convives. Certains auront engagé la discussion avec lui, d'autres préférant filer droit en l'évitant, ne souhaitant visiblement pas discuter avec le propriétaire de ce singulier attelage.
A noter, pour la petite histoire, que Fiévet a retrouvé là deux personnages croisés récemment. Alors qu'il leur proposait un exemplaire du Narcoscoop, le fanzine qu'il distribue au public, l'un deux a justifié ainsi son refus : " on l'a déjà eu à Montpellier !"
Effectivement, la caravane avait croisé leur route lors de l'escale de Montpellier, un mois plus tôt. Les deux montpelliérains auront pu constater de visu la détermination et la persévérance de NS55, qui continue à occuper consciensement le terrain et à camper devant les directions des douanes de tout le pays - quelque soit la ville, la région ou la saison.

Finalement, le tuyau qui avait fait se déplacer le camping-car s'est révélé... crevé : la cible du jour n'aura pas fait le déplacement.
C'est donc vers 15h00 que le Laika a quitté le site. Au tableau de chasse du jour, deux livres vendus. Quelques euros, donc, qui permettront de faire quelques kilomètres de plus. Pour repartir vers d'autres aventures. Qui pourraient se révéler très politiques, celles-ci...
Mais je ne vous en dis pas plus... pour l'instant...


PS. : à noter que ceux d'entre vous qui écoutaient la radio ce matin à 8h00, sur la fréquence de Radio Nova, auront pu découvrir un nouvel épisode de nos reportages sonores depuis le narcotour... Pour les autres, nous envoyons immédiatement un mail à miss Mathilde, la maîtresse de cérémonie de la matinale, pour récupérer le média et le mettre en ligne. Patience, donc !

jeudi 22 novembre 2007

Prisonniers de Ronnie…

Voici les dernières nouvelles de la caravane du narcotour…

Après notre arrivée à Grenoble lundi soir (et la douce nuit qui a suivi plantés au milieu d’une zone commerciale), la journée de mardi avait commencé dans une certaine tension à bord du camping-car – comme relaté dans le compte-rendu mis en ligne mardi.
Pour calmer les humeurs de chacun, nous avons pu avec Emmanuel prendre une douche réparatrice chez une étudiante que NS55 connaissait. Il faut dire ici que les questions d’hygiène et de toilette à bord sont parfois une source de tension dans l’équipe, le maître du tour ayant décidé (arbitrairement) que lui seul pouvait disposer de la douche installée à l’arrière du véhicule.

Marc était invité dans la soirée à une rencontre avec des étudiants grenoblois. Dans l’attente, nous sommes allés nous positionner devant une antenne des douanes de Grenoble, située à l’extérieur de la ville. Histoire de marquer le territoire et de planter un autre petit drapeau sur la carte de notre tour de France. Pendant que nous préparions des sons et des vidéos dans le studio multimédia du Laika, NS discutait avec des douaniers, à l’extérieur.
Contacts plutôt amicaux, intéressés et compréhensifs, pour son combat et son engagement. Etant occupés par ailleurs, nous avions décidé avec Manu de laisser les échanges se faire sans filmer.

Dans une ambiance détendue mais studieuse, NS55 s’est mis aux fourneaux pour nous concocter une assiette dont il a le secret. Pour l’occasion, le maître queue du narcotour avait chaussé une toque qui lui donnait fière allure.Au menu, une farandole de crudités : carottes râpées, céleri rave (râpé également, une spécialité maison), reste de quiche de la veille, pommes de terre rissolées précuites de l'avant-veille (d'après notre enquête), tomates et tranches d’un vieux saucisson embarqué à Marseille (à la fraîcheur douteuse, car c’est tout ce que j’avais pu trouver en fouillant en catastrophe les placards avant le départ).

Si NS et Emmanuel firent honneur au menu, j’ai eu pour ma part du mal avec les carottes et le céleri qui trempaient dans une sorte de jus peu à mon goût.

Pour le dessert, NS nous a sorti un chèvre frais, que j’étais plutôt satisfait de voir atterrir sur notre table – pas seulement parce que ce petit fromage était excellent, mais surtout parce que j’essaie sans grand succès de mener une guerre toute solitaire dans le Laika, contre ces fromages qui envahissent trop souvent l’espace de vie d’odeurs nauséabondes. Après avoir achevé une bouteille de Beaujolais aux couleurs du " père La Grolle " (agréable, celui-ci, pas comme celui de la vieille), nous eûmes droit au café, pour le même prix.

Après ces délicieuses agapes, l'aviseur s'est mis en tête de mettre un peu d'ordre dans notre maison roulante.
Le temps de faire le tour du camping-car jusqu'à la remorque attaché à son cul, le voilà qui revenait avec un aspirateur qui avait de quoi satisfaire sa faim.

Tout y est passé, aucun tapis ou recoin de l'habitacle n'échappant à la voracité de l'appareil ménager et à l'oeuvre de son complice.



Le devoir accompli, surveillant d'un oeil assoupi les éventuels " clients " de la caravane, à l'avant du siège passager du camping-car toujours positionné face au bâtiment des douanes, NS s'est laissé aller à un petit roupillon digestif.



Vers 17 heures, nous avons repris la direction du centre de Grenoble. Organisée à l’initiative de l’antenne locale du Genepi (l’association des étudiants visiteurs de prison), la conférence de l’aviseur avait du être déplacée au dernier moment : initialement prévue dans les locaux de l’IEP, la grève des fonctionnaires nous a obligé de nous rabattre à la Bobine, un café concert fréquenté par la jeunesse locale.

Malgré ce petit contretemps, la salle à l’étage supérieure était pleine, à 18 heures, au moment où NS55 a commencé sa conférence.
Une cinquantaine de personnes d’un public majoritairement jeune et estudiantin a ainsi eu droit à une présentation vivante et envolée du héros du narcotour, sur son incroyable histoire, avec une priorité donnée à son expérience carcérale à travers 4 pays différents.

Ce n’est qu’un peu avant 21 heures que nous sommes enfin ressortis de la Bobine. Après sa brillante intervention, Marc avait vendu trois livres et récolté une invitation sur une radio locale.
La soirée, comme il se doit, s’est poursuivie sur la terrasse d’un Macdo (MacDrive pour les spécialistes) voisin. La température étonnamment clémente donnait à la soirée un petit air quasi-estival, après le froid des journées précédentes. Nous avons pu travailler à l’extérieur, pour préparer les prochaines mises en ligne et les encodages vidéos.
Enfin, vers 11h30, mis à la porte par la fermeture du lieu, nous avons rejoint le Laika qui patientait sous le chemin de fer surélevé qui traverse Grenoble. Histoire de se rapprocher du campus universitaire. Vous ne serez pas surpris, le véhicule s’immobilisera sur le parking d’un autre… Macdo.

Après une douce nuit sous le regard complice du père Ronald (et des rêves étranges peuplés de clowns ridicules, de hamburgers et de menus Best of), nous avons mis en boîte mercredi matin un entretien avec Sébastian Roché.
Ce criminologue, chercheur au CNRS et spécialiste des questions de délinquance et de criminalité, nous a éclairé le temps d’une interview de plus d’une heure sur les problématiques complexes liées à la drogue. Pendant que nous tournions dans les locaux de l’IEP, NS patientait avec le camping-car dans une des grandes avenues du campus. Où Roché est ensuite venu le rencontrer pour échanger avec lui. Au même moment, à une centaine de mètres de là, les étudiants en grève tenaient une AG sous la pluie pour décider de la suite à donner à leur mouvement de grève.

Une fois cette séquence en boîte, Sébastian Roché nous a proposé de déjeuner ensemble.
Au vu de l’heure tardive (14h30 passées), il nous proposa la seule solution viable selon lui : le… Macdo situé à l’entrée du site du campus.

Sans doute n’a-t-il pu interpréter à sa juste valeur le petit sourire qui s’est alors affiché sur nos lèvres : il s’agissait bien sûr du MacDo où nous avions passé la nuit !

Les rois de la came, ce soir

C'est ce soir, sur l'antenne de Canal +, dans le cadre de l'émission Jeudi investigation, que le documentaire de François Missen (que NS55 a longuement rencontré ce lundi, de passage à Marseille) et Bernard Nicolas sera diffusé (23h10).

Les rois de la came nous replonge dans la grande et petite histoire de la célèbre French connection, cette filière qui inonda entre les années 60 et 70 le marché américain (et dont le cinéma s'emparera) avec une héroïne raffinée par des chimistes aux mains d'or, qui opéraient dans le calme et l'ambiance bucolique de maisons perdues dans la garrigue.

Revenant sur les traces des DS qui transportaient la poudre par bateaux entre l'Europe et l'Amérique, ce 52 mn met à contribution de nombreux acteurs du jeu du chat et de la souris qui opposait les flics aux trafiquants - et en particulier des repentis.
A noter, au delà de quelques anecdotes croustillantes sur la façon dont les Marseillais faisaient voyager l'héroïne (en mettant au volant des fameuses DS de jeunes canadiennes énamourées de nos méridionaux), des images d'archives très fortes, comme cette très solennelle déclaration de guerre contre la drogue du président Nixon.

Les rois de la came reviennent également sur la façon dont les services de police mettront le paquet pour faire sauter la French, qui avait bénéficié jusqu'alors d'un certain laxisme - certains, dans le documentaire, n'hésitant pas à parler de complicités politiques.
On peut revoir la chose, dans la nuit de vendredi à samedi, sur Canal+ décalé, à 03h25. D'autres diffusions sont également prévues sur l'ensemble des chaînes Canal +.

mardi 20 novembre 2007

« Style cow-boy »

Après un week-end relâche dans l’atmosphère improbable de la zone commerciale des Milles, à Aix-en-Provence, le Laika s’est positionné dimanche soir face à la Méditerranée - à Marseille, à l’arrière du fort St Jean, face à l’entrée du port de commerce.Un cadre majestueux (habituellement occupé par les forains) et... gratuit : en théorie payant, l’accès est ouvert à tous, la barrière censée rythmer les entrées facturées ayant décidé de ne plus regarder que vers le ciel. Le site (sur lequel deux équipements culturels doivent être édifiés dans le futur, face à l’ancien J4 en fin de démolition) a fière allure.Surtout quand le Mistral n’est pas de la partie - dans le cas contraire, la force du paysage est concurrencée par celle du roi des vents. Le mistral ayant décidé de s’abstenir, tout était parfait. NS55 était ravi d’un tel décor.
De bonne humeur, il a réservé à Emmanuel un repas dont il a le secret, lui sortant le grand jeu : nappes rouges, service (neuf) en bakélite, verroterie disparate, pizza surgelée (bien craquante, autrement dit... dure comme une vieille semelle), petit rouge, camembert au fumet explosif, banane et café.
Pendant que nos convives se laissaient aller aux joies de la table, du travail m’attendait. Et ce n’est qu’une fois les 3 heures du matin bien sonnées que je me suis mis au lit, car je tenais à finir ce foutu dossier que j’avais promis d’envoyer à Yannis, le producteur.

Le lendemain, nous avions rendez-vous pour une séquence avec le journaliste François Missen. Les premières prises de vue étaient calées de bonne heure devant le quai des douanes, au bout du Vieux-Port. Face aux vedettes des douanes et des affaires maritimes. Pour l’occasion, nous avons reçu le renfort de Cédric Genet, ingénieur du son de son état, avec qui nous travaillons régulièrement. Cédric nous a fait l’amitié d’être avec nous, pour assurer une prise de son optimale.

L’équipe s’est ensuite déplacée vers le port de commerce, devant l’entrée 3. La direction du port autonome nous ayant refusé l’autorisation de tourner à l’intérieur du site – au motif qu’il ne serait question d’évoquer une réalité risquant de nuire à l’image du port (ce qui revient à définir ce que doit être le travail des journalistes, selon des critères de pure com...) –, nous avons réalisé une nouvelle séquence sur la passerelle enjambant les rails de train et surplombant le port, de l’autre côté de la route.
En voici un petit extrait (sur les coulisses et les arrières-coulisses de la guerre de la drogue), ci-dessous...



Toujours facétieux, pendant que nous tournions, NS avait abandonné son camping-car à l’intérieur de l’enceinte du port, sur le rond-point situé après le poste de contrôle des entrées. Les deux plantons chargés de réguler le ballet des camions lui ayant autorisé ce point de stationnement. A notre retour, pourtant, un comité d’accueil nous attendait. Des douaniers (plutôt gênés), des agents du port et une patrouille de police, alertée par la sécurité du port. Les policiers nous ont soumis à un contrôle qui s’est éternisé. L’un d’entre eux, plutôt zélé, commença par reprocher à NS 55 une « usurpation d’identité » (un qualificatif assez comique quand on connaît son histoire), avant que les choses ne finissent par se dégonfler. Sans que, auparavant, nous ayons eu droit au traditionnel et consternant couplet sur la fameuse interdiction de filmer (alors que nous étions à l’extérieur du port et que nous faisions notre travail de journalistes) - une sorte de lubie contagieuse chez les fonctionnaires qui mélangent joyeusement et sans discernement différentes notions mal maîtrisées (droit à l’image, droit à l’information...), en tentant d’intimider ceux qui prétendent exercer leur métier, dans un abus de position manifeste.
Finalement, après quelques tergiversations, NS55 repartira libre au volant du camping-car, nos pièces d’identité et cartes de presse ayant retrouvé de leur côté nos poches respectives.
Cette charmante intervention aura probablement donné lieu à un rapport, qui viendra grossir le lot des rapports, procès-verbaux et autres notes inutiles.
Un peu avant 14 heures, nous avons repris la route pour rallier Grenoble, cible de l’étape suivante. Un chemin qui passait par la nationale de Sisteron (pas d’autoroute payante, pour cause de budget serré).

A 20h19, pendant qu’Emmanuel dormait lourdement sur une des banquettes du carré central, nous franchissions le col de la Croix haute et ses 1179 mètres d’altitude, sur une route désertée et dans un paysage de neige, pour basculer sur Grenoble. Nous mettrons encore un peu de temps pour avaler les 60 km nous séparant de la capitale de l’Isère, dans une descente toute en colimaçon.

Un peu avant 22 heures, nous roulions enfin dans les avenues de Grenoble. A la recherche d’un établissement pour se restaurer. Après une manœuvre d’approche devant un restaurant à l’enseigne de New China et une courte hésitation, NS décidait de changer brutalement ses plans. « Il faut un MacDo, au moins on aura du Wifi ! ».
Décidément, sur ce (narco)tour de France, les priorités sont clairement fixées : la connectivité prime sur la gastronomie. Définitivement.
Et voilà comment, une fois de plus, nous nous sommes retrouvés confrontés à la fabuleuse cuisine de l’oncle Ronnie. En connaisseur, l’évadé du tour pouvait y aller de son commentaire sur la déco du lieu : « c’est surprenant ici, l’ameublement... C’est la première fois que je vois le style cowboy ! »

Pour passer la nuit, le Laika s’est planté sur un des parkings de l’Espace Comboire, une zone commerciale du côté d’Echirolles. Sous la protection de quelques regards bienveillants : ceux des enseignes d’un Tati, d’un King jouets, d’un Mondial tissus et (cela va sans dire) d’un Mac Do.
Ce matin, lundi, Emmanuel était le premier levé. Vers 6 heures du mat’, quand un vent violent s’est mis à souffler sur le centre commercial encore déserté. De quoi commencer une série de rangements, histoire de répandre dans l’habitacle de délicieux petits bruits de frottements, de glissements ou de grincements pour les oreilles de ses camarades qui avaient la faiblesse de vouloir prolonger cette douce nuit. Marc sera le second debout, alors que pour ma part, je le confesse, je ne me suis levé que sur le coup des 8h30.

Emmanuel était à prendre avec des pincettes, ce matin. Grognon et à fleur de peau, lâchant commentaires et réflexions à l’emporte-pièce. Remonté comme une pendule, le Manu, et limite désagréable à certains moments. Même Marc, au caractère souvent ombrageux, semblait béat devant cet excès de testostérone.

Dès l’ouverture des portes, clients fidèles, Marc et Emmanuel avaient à nouveau investi le MacDo pour installer le bureau (de camp) et avaler un café. Je les ai rejoints une demi-heure plus tard, pour rédiger ce billet.
Zones commerciales, nuits écourtées, parkings désertés, fastfood, aires d’autoroutes, bâtiments administratifs...
Le décor est à nouveau planté. Rien ne manque dans notre errance sur les routes de France, dans un paysage à la fois irréel et intime, quelques soient la ville, la latitude et le kilométrage.
Une sorte de bonheur moderne, interchangeable à souhait : partout chez soi !

Olivier-Jourdan Roulot, sur la route du (narco)tour de France, depuis Grenoble

Les sons de radio Nova

Sur les ondes de radio Nova, les auditeurs qui n'ont pas froid aux oreilles en entendent des vertes et des pas mûres, comme dirait ma grand-mère. Ils continuent de suivre les aventures de NS55, semaine après semaine.
Un sonore capté par nos soins, et diffusé la semaine dernière.
Cette fois, il est question de quelques tonnes de coke et de mafieux évadés dans la nature.
C'est ici, maintenant, et tout de suite, avec le lancement assurée par la douce voix de Mathilde Serrel, l'animatrice de la matinale de Nova...



dimanche 18 novembre 2007

Demandez la Dépêche !

Comme prévu, La Dépêche du Midi consacre un grand sujet au tour de France de NS55.
Dans son article sur ce dossier " qui sent la poudre ", la journaliste du quotidien de Toulouse souligne que la juge d'instruction Sophie Clément, dans un non-lieu rendu en 2006, avait reconnu que Marc Fiévet ne s'était pas livré à un trafic de stupéfiants, " puisqu'il était chargé d'infiltrer un réseau ".
Elle informe ses lecteurs du documentaire en cours de tournage, dont vous suivez ici même les aventures.
Et s'offre également un scoop, en annonçant le projet de fiction en cours de montage, qui devrait voir le jour prochainement, autour de l'histoire de NS55.
Elle révèle notamment que Gérard Depardieu, himself, devrait être au casting de cette grosse production.
D'autres pointures ont été démarchées. Nous vous en dirons plus, ici même, très prochainement.
Patience, donc...

Vous pouvez lire la totalité de cet article ici, en cliquant sur l'image ci-contre, ou en allant directement sur le site de la Dépêche : www.ladepeche.fr

samedi 17 novembre 2007

Le narcotour dans la presse

Les Toulousains pourront lire demain dans l'édition dominicale de la Dépêche du Midi un grand papier consacré à l'épopée de NS55, à son tour de France en camping-car et au tournage dont vous suivez ici même les échos.
Pour tous les autres, ce n'est qu'une question de patience.
Nous vous proposerons très rapidement, dans les jours qui suivent, la lecture de cet article signé Sabine Bernède.

La femme du Colombien...

Dans un précédent article, je vous faisais part des rumeurs qui annonçaient un peu partout sur le territoire national le passage du camping-car de NS55. Eh bien, nous pouvons aujourd’hui vous le confirmer : il ne s’agissait pas d’une hallucination collective qui se serait emparée des différentes implantations des douanes, au moment où la neige faisait un peu partout son apparition. Non, cette fois, c’est sûr, c’est le redémarrage du narcotour de France. En effet, le Laika est à nouveau sur les routes, en mission, de ville en ville, de douane en douane, de départementale en autoroute et en station service.

Hier, j’ai retrouvé NS positionné avec la caravane du tour devant la direction des douanes d’Aix-en-Provence, dans le quartier du Jas de Bouffan. Il était sur place, face au bâtiment, depuis un jour. A mon arrivée, il était en pleine discussion avec trois douaniers. Chacun d’entre eux portait dans la main un exemplaire du livre (évidemment dédicacé) retraçant l’histoire incroyable de l’agent infiltré.
Si Marc m’avait fait part la veille d’un accueil glacial d’indifférence à Avignon, cette fois, les douaniers en fonction à Aix étaient beaucoup plus à l’écoute. Ils ont été nombreux à venir le saluer, engager la discussion ou l’encourager. Et une dizaine ont acheté un exemplaire du livre.
De quoi mettre un peu de gazole dans le réservoir !

A bord, il y avait un peu de nouveau. Côté intendance, d’abord, j’ai pu noté le renfort de deux belles assiettes décorées – un cadeau de la sœur de NS, d’après nos infos. De quoi donner un peu plus de tenue à notre équipée. On ne sait jamais quelles rencontres nous réservent la route. Mieux vaut être armé pour recevoir avec les honneurs, au cas où il nous faudra organiser un repas de gala à bord !
Autre bonne nouvelle, Marc avait également réparé le frigo du camping-car, qui donnait d’inquiétants signes de fatigue. « Il ronronne, désormais », annonça-t-il fièrement, après m’avoir précisé qu’il avait démonté tout le système. Par ailleurs, il s’était acheté une carte Orange à glisser dans son ordinateur portable qui lui permet désormais d’être connecté à l’Internet de n’importe quel endroit. Pour autant, ce n’est pas la fin des MacDo et de nos errances nocturnes. En effet, cette connexion permanente ne nous dispensera pas de devoir trouver au jour le jour des points de connexion sur notre route, le flux de celle-ci restant très insuffisant pour transférer de l’image et surtout de la vidéo. Pour faire vivre au jour le jour l’épopée du tour, nous ne couperons pas encore aux nuits blanches...
Sur Internet, justement, NS55 venait de recevoir une dépêche de presse lui rappelant de vieux souvenirs. Elle annonçait la condamnation par la justice espagnole de Rafael Vera, ex-secrétaire d’Etat à la sécurité du gouvernement de Felipe Gonzalez. Pas un inconnu, ce Rafael Vera. « Je le connais, en effet », commentait l’aviseur. « Ce Vera Rafael, je l’avais rencontré par hasard il y a des années au cours d’un repas entre gens du GAL... C’est lui qui avait permis à Carlos Gaston Ferran, le patron du Gal de la région, de découvrir ma véritable action pour le compte des douanes françaises... Ce triste sire, qui fût condamné une première fois à 10 ans et gracié après trois mois de prison passés à Alcala-Meco, fut un malfaisant pour la jeune démocratie espagnole d’alors : pendant que les GAL s’enrichissaient, livraison après livraison de cocaïne et de cannabis sur l’Europe, avec l’aimable couverture de la police ou de la Guardia, les fonds réservés restaient dans ses poches ! Maudits individus, plus canailles que les canailles et plus crapules que les crapules ! »

Alors que je m’apprêtais à repartir vers Marseille pour préparer le tournage qui reprend, en laissant Fiévet qui devait passer la nuit sur un parking de la zone commerciale des Milles, un homme s’est avancé vers le camping-car. Après l’avoir aperçu de l’intérieur du cockpit, Marc est sorti à sa rencontre. « C’est vous, Monsieur, cette histoire ? Je vous ai vu à la télévision ! » Le visiteur, qui nous apprendra qu’il était... Colombien, s’est renseigné sur le caractère payant du livre, qu’il aurait bien voulu emporter gratuitement.
« Bon, je vais voir avec ma femme. C’est combien ? »

Olivier-Jourdan Roulot