samedi 17 novembre 2007

La femme du Colombien...

Dans un précédent article, je vous faisais part des rumeurs qui annonçaient un peu partout sur le territoire national le passage du camping-car de NS55. Eh bien, nous pouvons aujourd’hui vous le confirmer : il ne s’agissait pas d’une hallucination collective qui se serait emparée des différentes implantations des douanes, au moment où la neige faisait un peu partout son apparition. Non, cette fois, c’est sûr, c’est le redémarrage du narcotour de France. En effet, le Laika est à nouveau sur les routes, en mission, de ville en ville, de douane en douane, de départementale en autoroute et en station service.

Hier, j’ai retrouvé NS positionné avec la caravane du tour devant la direction des douanes d’Aix-en-Provence, dans le quartier du Jas de Bouffan. Il était sur place, face au bâtiment, depuis un jour. A mon arrivée, il était en pleine discussion avec trois douaniers. Chacun d’entre eux portait dans la main un exemplaire du livre (évidemment dédicacé) retraçant l’histoire incroyable de l’agent infiltré.
Si Marc m’avait fait part la veille d’un accueil glacial d’indifférence à Avignon, cette fois, les douaniers en fonction à Aix étaient beaucoup plus à l’écoute. Ils ont été nombreux à venir le saluer, engager la discussion ou l’encourager. Et une dizaine ont acheté un exemplaire du livre.
De quoi mettre un peu de gazole dans le réservoir !

A bord, il y avait un peu de nouveau. Côté intendance, d’abord, j’ai pu noté le renfort de deux belles assiettes décorées – un cadeau de la sœur de NS, d’après nos infos. De quoi donner un peu plus de tenue à notre équipée. On ne sait jamais quelles rencontres nous réservent la route. Mieux vaut être armé pour recevoir avec les honneurs, au cas où il nous faudra organiser un repas de gala à bord !
Autre bonne nouvelle, Marc avait également réparé le frigo du camping-car, qui donnait d’inquiétants signes de fatigue. « Il ronronne, désormais », annonça-t-il fièrement, après m’avoir précisé qu’il avait démonté tout le système. Par ailleurs, il s’était acheté une carte Orange à glisser dans son ordinateur portable qui lui permet désormais d’être connecté à l’Internet de n’importe quel endroit. Pour autant, ce n’est pas la fin des MacDo et de nos errances nocturnes. En effet, cette connexion permanente ne nous dispensera pas de devoir trouver au jour le jour des points de connexion sur notre route, le flux de celle-ci restant très insuffisant pour transférer de l’image et surtout de la vidéo. Pour faire vivre au jour le jour l’épopée du tour, nous ne couperons pas encore aux nuits blanches...
Sur Internet, justement, NS55 venait de recevoir une dépêche de presse lui rappelant de vieux souvenirs. Elle annonçait la condamnation par la justice espagnole de Rafael Vera, ex-secrétaire d’Etat à la sécurité du gouvernement de Felipe Gonzalez. Pas un inconnu, ce Rafael Vera. « Je le connais, en effet », commentait l’aviseur. « Ce Vera Rafael, je l’avais rencontré par hasard il y a des années au cours d’un repas entre gens du GAL... C’est lui qui avait permis à Carlos Gaston Ferran, le patron du Gal de la région, de découvrir ma véritable action pour le compte des douanes françaises... Ce triste sire, qui fût condamné une première fois à 10 ans et gracié après trois mois de prison passés à Alcala-Meco, fut un malfaisant pour la jeune démocratie espagnole d’alors : pendant que les GAL s’enrichissaient, livraison après livraison de cocaïne et de cannabis sur l’Europe, avec l’aimable couverture de la police ou de la Guardia, les fonds réservés restaient dans ses poches ! Maudits individus, plus canailles que les canailles et plus crapules que les crapules ! »

Alors que je m’apprêtais à repartir vers Marseille pour préparer le tournage qui reprend, en laissant Fiévet qui devait passer la nuit sur un parking de la zone commerciale des Milles, un homme s’est avancé vers le camping-car. Après l’avoir aperçu de l’intérieur du cockpit, Marc est sorti à sa rencontre. « C’est vous, Monsieur, cette histoire ? Je vous ai vu à la télévision ! » Le visiteur, qui nous apprendra qu’il était... Colombien, s’est renseigné sur le caractère payant du livre, qu’il aurait bien voulu emporter gratuitement.
« Bon, je vais voir avec ma femme. C’est combien ? »

Olivier-Jourdan Roulot

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