dimanche 25 novembre 2007

Samedi au vert

Après le contre-la-montre d’Aix en Provence la veille, hier, le camping-car du narcotour faisait escale à Marseille pour une étape très politique. NS55 avait en effet décidé de s’inviter à la Fête des Verts, organisée au théâtre Toursky, haut lieu libertaire. Pour les 14 mètres de long du véhicule, l’approche n’a pas été des plus aisées, dans ces rues d’un Marseille très paupérisé. Pour l’occasion, il fallut même déplacer des voitures pour permettre au Laika pris au piège de repartir, et ainsi libérer la circulation. Quelques gamins joueurs ont tenté d’escalader ce drôle d’attelage, dont les sigles résonnaient forcément d’une façon particulière dans ce Marseille du chômage, de l’immigration et d’une vie difficile.

Finalement, après s’être extirpé de ce piège urbain, NS parvenait un peu après midi dans la promenade Léo Ferré, face au théâtre dont le grand Léo était un ami et un défenseur. A notre arrivée, autour de 13h30, le Laika était parfaitement garé, juste un peu avant l’entrée du lieu. Immanquable, du coup, pour n’importe quelle personne se présentant.
Marc n’était pas à bord.

En réalité, il était installé en bonne place, dans le hall d’entrée du théâtre, au milieu des stands des organisations proches du parti écologiste. « Je suis arrivé, on m’a dit " tu as un stand ", j’ai dit ok, je sors tout le matériel ! », nous a-t-il lancé pour toute explication devant notre surprise. Voilà comment NS, l’air de rien, a pu occuper une position idéale tout l’après-midi, juste à côté d’un stand du Droit au logement, à droite de la porte d’entrée, et face à celui de Greenpeace – de quoi au passage nous rappeler quelques souvenirs, avec Emmanuel, puisque le 52 mn que nous avions consacré cet été à la guerre du thon dans le magazine Strip Tease avait été en partie tourné dans le port de Marseille, au moment de la bataille navale qui avait opposé les thoniers au Rainbow Warrior, le navire amiral de l’organisation.

NS55, lui, était très satisfait. Il faut dire que son stand avait fière allure, comparé à celui de ses voisins. Un stand multimédia : des livres, des articles et coupures de presse, des prospectus, une petite pancarte annonçant un improbable narcotour de France (celle qui trône généralement à l’avant du camping-car, comme une figure de proue derrière le pare-brise), ainsi qu’un écran plat diffusant en boucle des émissions, journaux télévisés et reportages consacrés à l’affaire Fiévet. L’homme du tour avait installé un magnifique Secret défense, barré d’un Infos douanes du meilleur effet, sur le haut d’un piano. Pour délimiter la zone de cette curieuse installation douanière, dont la présence était pour le moins singulière en ce lieu, Marc avait installé trois bornes routières, qu'il utilise généralement pour délimiter une zone de protection sur la route autour du camping-car.

« Je leur ai dit " je vous donne 5 euros par livre vendu " », précisait NS. « Le mec m’a dit " non laisse ! Combien tu vas nous donner ? 50 euros ? Garde tout " ».
Au total, l’ex-agent infiltré aura vendu trois livres. Moins que les 50 euros escomptés, donc. Peu mais pas inutile pour financer l’avancée de l’expédition.
Il comptait également saluer Noël Mamère, annoncé vers 14h30, pour intervenir dans un débat sur le rôle des Verts dans la société de demain. La plus célèbre moustache du paysage politique français (avec celle de Bové) était en effet intervenu dans son dossier, alors qu’il se trouvait encore en prison, à l’époque.





Finalement, après cette journée de rencontres et de réflexion sur l’avenir de l’écologie politique, notre VRP décidait de lever le camp et retrouver sa maison sur roues, pliant méticuleusement ses bagages, alors qu’une pluie froide arrosait la nuit qui était tombée dehors.
Vers 19h00, au moment où les membres de Raoul Petite, le groupe qui devait conclure en beauté ce samedi vert, Fiévet a tourné la clé de contact du Laika. Restait à sortir de la petite impasse du Toursky. De quoi provoquer quelques échanges secs, entre des véhicules bloqués par la caravane du tour et un NS55 remonté comme une pendule. Finalement, après quelques sueurs froides et quelques noms d’oiseaux échangés sans manière, le camping-car parvenait à se dégager et retrouver sa liberté.

Aucun commentaire: