mardi 27 novembre 2007

La lettre à Nicolas

Après le week-end vert, la caravane du tour a repris la direction du nord en remontant la vallée du Rhône par petits sauts de puce : Avignon, Bollène, Lyon, autant de paliers afin de se positionner pour lancer l’étape du jour. Ayant laissé le Laika partir sans nous pour prendre de l’avance, nous avons fait la route de notre côté avec notre propre voiture (de quoi alourdir au passage une facture d’ensemble déjà passablement gratinée…).

Finalement, nous avons rallié la tête du narcotour autour de midi, ce lundi. La jonction s’est effectuée sur une petite commune située à une quinzaine de kilomètres de Tournus, pays de la roche de Solutré et des ascensions mitterrandiennes. Le Laika était stationné au bord de la nationale, sur le parking d’un garage Renault, dans un paysage absolument déprimant. Dans la nuit de samedi à dimanche, alors qu’il se trouvait au nord de Bollène, NS55 avait du changer l’orientation du camping-car pour laisser moins de prises à un vent particulièrement déchaîné.

L’objectif du jour devait nous conduire jusqu’à Louhans, petite commune de 5 000 habitants, célèbre principalement pour une équipe de foot partagée avec la ville de Cuiseaux. Un objectif très politique, là encore, après le dernier week-end écologique. Mais dans l’immédiat, par ce lundi d’hiver totalement gris, la décision de nous attabler dans un routier fut unanime. Nous avons trouvé notre bonheur quelques kilomètres plus loin. Dans un de ces établissements comme on croirait qu’il n’en existe plus, tellement ils renvoient à des temps et des modes de vie qui paraissent éloignés de notre modernité très majoritairement urbaine. L’établissement du jour se trouvait au milieu d’un paysage halluciné, au milieu d’une plaine inondée, dans laquelle il était bien difficile de distinguer où se trouvaient les limites du fleuve.

NS en fut quitte, du coup, pour garer son véhicule sur un parking détrempé. Pour lui qui ne voulait pas mettre de boue sur son fier attelage, qu’il venait de nettoyer, c’était plutôt raté...
Le restaurant, uniquement peuplé de routiers comme autrefois et de gueules cassées, semblait une sorte de conservatoire d’un univers populaire et ouvrier comme on ne les raconte plus (quasiment) que dans les livres. Aux murs, c’était un véritable musée qui s’offrait à nos yeux, avec des réclames publicitaires sur plaques émaillées aux slogans publicitaires terriblement efficaces. Pendant ce temps, les tournées succédaient aux tournées au comptoir.
Une fois installés par la patronne, le repas s’est avancé tout seul, sans qu’il ne nous soit demandé notre avis – ici, c’est menu unique, évidemment. Pour commencer, une petite entrée amalgamant une tranche de ballottine (ou de mortadelle, le débat fut âpre), un peu de salade verte et deux cornichons. NS55 avala le tout d’un bon appétit. Pour la suite, il exigea de passer directement au plateau de fromage.

De nôtre côté, nous avons préféré le boudin noir, accompagné d’une purée (maison) et de pommes cuites, à la tête de veau ravigote. Le tout accompagné d’un vin de table indéfinissable. L’aviseur eut ensuite droit à une spécialité locale de fromage, suivi d’un clafouti recouvert d’un chocolat fondant. Manu prit du fromage, alors que je me contentais d’un café.

Après cette excellente halte routière, il était temps de reprendre la route. Nous avions rendez-vous à 14h30 au 9, rue Dodanes, avenue parallèle à la rue centrale des arcades, la rue principale et commerçante de Louhans. Heureusement, à notre arrivée, le marché du lundi matin, véritable évènement local, avait plié ses étals. Nous sommes arrivés sans NS, pour retrouver Arnaud Montebourg à sa permanence. Nous avions prévu avec son assistante de le voir d’abord seul, pour réaliser un entretien autour des questions du trafic de drogue et des circuits occultes de blanchiment. Le bouillant député socialiste était un peu en retard. Les permanences du lundi matin, à l’évidence, s’étaient un peu prolongées et il n’était parti déjeuner que depuis quelques minutes à notre arrivée.

L’entretien a donc commencé avec un quart d’heure de retard. Après une mise en bouche composée d’une plaisanterie sur le cas Hollande, il a duré au total une quarantaine de minutes. Nous avons ensuite retrouvé NS55 au moment de son arrivée à Louhans. Après l’avoir équipé d’un micro HF, il a à son tour positionné son véhicule devant la permanence du promoteur de la VIème république. Le rendez-vous entre les deux hommes était fixé à 16h30. Arnaud Montebourg a reçu son visiteur environ une vingtaine de minutes. Il l’avait rencontré à deux reprises, quand l’agent infiltré se trouvait encore en prison, à Fresnes, alors qu’il enquêtait pour la commission parlementaire sur le blanchiment. Puis ils s’étaient retrouvés ensemble sur le plateau d’Ardisson, quelques mois après la sortie de prison de l’aviseur.
L’échange a été direct et efficace. Le socialiste s’est personnellement engagé à monter en première ligne pour tenter de faire bouger les choses et trouver une solution honorable et digne à la situation ubuesque de Fiévet.
C’est franc, direct, comme à l’habitude avec le député de la Saône et Loire. Voici un extrait de la conversation…




Olivier-Jourdan Roulot, sur la route du tour, depuis Louhans

3 commentaires:

Anonyme a dit…

mouhai ! affaire à suivre, mais vu ce que pense et a fait montebourg sur la question...

par ailleurs, il ne semble pas que ce que qu'a adopté l'assemblée national soit une grande victoire pour la lutte contre la corruption et contre la misère sociale

olivier p.

un homme en colère a dit…

Olivier P. semble pour le moins sceptique sur les propos du député socialiste...
C'est son droit et nous sommes les premiers ici à encourager et élever le doute au rang de valeur cardinale - il vaut mieux, d'ailleurs, si on réfléchit un peu à l'affaire Fiévet.
Maintenant, reste à savoir, Olivier, sur quoi porte exactement tes réserves : s'agit-il de la promesse de Montebougr de s'engager pour aider NS55 ?
Parles-tu plutôt de son travail au sein de la commission d'enquête parlementaire contre le banchiment ?
Ou encore de ce dont il parle au sujet des méthodes d'infiltration ?
Si tu peux préciser un peu ton propos, ça permettra à nos lecteurs de rebondir éventuellement...
Donc ?

Anonyme a dit…

Mon commentaire n'était pas clair.
D'emblée, je souhaite préciser que ma réaction est liée à mon parcours politique. J'ai pu défendre, en coulisse, Arnaud Montebourg quand, avec Vincent Peillon, ils ont fait un travail parlementaire qui n'avait rien d'évident, et qu'ils n'étaient pas reconnus par leurs camarades. Stop en 2003. Je continue à respecter Vincent Peillon.
Pour ce qui concerne Arnaud Montebourg, et pour éviter des polémiques stériles autour d'une personnalité, je pose une question : il me semble apte à défendre et initier un certain nombre de choses au sein de son parti et de son groupe politique (les possibilités et les sujets sont assez nombreux en lien avec cette histoire) : l'a-t-il évoqué, proposé, déjà fait ?
Par ailleurs, il me semble que la loi de mars 2007 élargit et multiplie les problèmes liés aux infiltrations, il semble approuver, et si ce n'est pas le cas, je veux bien me tromper, qu'a-t-il dit et fait ?